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Stress numérique

LE STRESS NUMÉRIQUE

Cadrage de la notion

Le stress numérique, c’est une détresse psychologique reliée à la surutilisation des appareils numériques.

C’est une réaction qui peut se produire lorsqu’un individu doit fréquemment utiliser des appareils numériques, en bonne partie en raison du travail, surtout s’il a de la difficulté à comprendre et maitriser ces technologies. Ce trouble peut réduire la satisfaction professionnelle, causer de l’anxiété et même mener à la dépression ou l’isolement. C’est un problème grandissant dans une société où la technologie numérique se développe aussi rapidement ; ce stress peut affecter les jeunes autant que les adultes.

Mise en contexte de la notion:

Il doit notamment être souligné, il y a quelques années, à l’aube de la COVID-19, l’incursion marquante du numérique dans la vie privée : en contexte de télétravail généralisé, la sphère professionnelle s’invite et s’immisce dans la sphère personnelle. Le numérique faisant déjà partie intégrante du quotidien, la COVID-19 catalyse simplement l’utilisation des TIC (technologies de l’information et des communications) comme ressource journalière de travail. Cette utilisation grandissante des TIC s’accompagne toutefois d’une accélération et de l’amplification d’une réalité nouvelle : le stress numérique. En effet, la frontière entre vie professionnelle et vie personnelle devient poreuse en des temps où, par exemple, employés et employeurs peuvent communiquer directement et souvent à partir de leurs téléphones cellulaires personnels, parfois à des heures qui s’écartent des heures de travail habituelles. Se produit alors un phénomène d’hyperdisponibilité numérique, conjointement à une défavorisation du temps personnel ; émerge ainsi une source de stress liée au travail, la techno-invasion, un sentiment d’envahissement « dans sa vie personnelle parce qu’on est constamment connecté » (McArthur et Truchon, 2021).

Ce n’est que la pointe de l’iceberg : le stress au travail, relié à l’emploi et l’exploitation de ressources numériques, semble se présenter sous plusieurs autres facettes ; outre la techno-invasion, peuvent être soulignés la techno-surcharge (le fait de voir sa charge de travail augmentée puisque les TIC permettent une gestion de plus de tâches en simultané), la techno-complexité (sentiment d’insuffisance et d’inexpérience en raison de la difficulté à manier les différentes TIC), la techno-insécurité (la peur de voir son activité professionnelle disparaître au profit de « l’automatisation et la robotisation de certaines tâches » (McArthur et Truchon, 2021)) et la techno-incertitude (source de stress reliée aux constantes mises à jour des TIC (McArthur et Truchon, 2021)).

Le fait d’un usage normalisé et de la disponibilité quasi-permanente des technologies, au quotidien, n’est pas sans effets directs sur la santé physique et mentale. Comme l’avancent Bulliard et Durand Folco (2020) : « il serait dommage de se priver d’un outil si puissant que le numérique. » À bien des égards, le numérique a été l’outil de simplification et d’accessibilité par excellence. Pensons justement au télétravail, au télé-enseignement, au divertissement, voire la télémédecine. Cependant, si le numérique rend envisageable le développement de possibilités et de virtualités, son usage inconséquent, à titre d’illustration, peut « diminu[er] en même temps nos propres capacités mentales et mnésiques: capacité de se souvenir d’une recette, d’un numéro de téléphone, de calculer mentalement, etc. » De même, « les excès du numérique et la dépendance qu’il crée » (Bulliard et Durand Falco, 2020) agissent neurologiquement au même titre qu’une dépendance à une substance psychotrope ; subséquemment, c’est autant au niveau psychique qu’au niveau physique que le numérique peut être déclencheur de stress.

Aspects

La déconnexion sociale est, contre-intuitivement, une importante résultante de la surconnexion au quotidien ; une surconnexion numérique peut malheureusement mener à une grande difficulté à entretenir des relations dans le monde réel. Avoir l’habitude et le constant besoin d’être connecté sur le web minimise les interactions sociales en les remplaçant par des interactions en ligne, ce qui n’apportent pas du tout les mêmes bienfaits.

La dépendance aux réseaux sociaux est un élément sous-jacent du phénomène d’hyperconnexion. En ayant ce constant besoin de toujours être sur le web, à naviguer sur les réseaux, une dépendance réelle peut se créer. Malheureusement, au vu de modestes données scientifiques, on ne peut, à proprement parler, définir ce besoin et ce comportement de trouble mental, mais d’habitude simplement qualifiée d’excessive (DSM 5, APA, 2015, p.571). Concrètement, une dépendance aux réseaux sociaux porte la personne atteinte de celle-ci à toujours être principalement sur son cellulaire. Un besoin physiologique de garder son cellulaire en main et devant les yeux se développe. En pratique, le « désir d’utiliser les médias (…) est celui pour lequel notre capacité de résister serait la plus faible » (Fourquet-Courbet et Courbet, 2017) ; le désir serait plus fort, plus fréquent et « plus difficile à contrôler que les désirs de manger ou d’avoir des activités sexuelles » (Fourquet-Courbet et Courbet, 2017). La dépendance aux réseaux sociaux, c’est dont un facteur de risque de maladies comme la dépression et un risque accru de problématiques sociales (Fourquet-Courbet et Courbet, 2017).

L’hyperconnexion peut se définir, comme mentionné précédemment, comme l’utilisation constante de différentes technologies numériques, du fait habituellement des besoins de l’activité professionnelle, n’eut égard à une personne qui effectue son travail partiellement ou complètement à distance. Contrairement à un travail standard où la seule façon d’accéder aux dossiers, logiciels ou boites de courriels se fait sur place, une personne qui se retrouve à travailler à la maison peut avoir accès à toute heure de la journée à son « bureau ». Peut alors s’instaurer une joute complexe entre besoins de productivité de l’entreprise, désir d’engagement personnel envers cette entreprise et sentiment de satisfaction au travail (McArthur et Truchon, 2021) ; cela peut entrainer les employés à travailler plus tard, commencer plus tôt, regarder des courriels en fin de soirée et donc constamment être plongés dans une charge de travail. Malheureusement, cela ne se produit pas sans impacter la santé mentale, la santé physique, voire les relations interpersonnelles.

Références critiques

Étude de la charge mentale et du stress engendrés par l'usage des technologies numériques en milieu professionnel de José Manuel Castillo Pimentel

CASTILLO PIMENTEL José Manuel, « Chapitre II, Cadre théorique » dans Etude de la charge mentale et du stress engendrés par l’usage des technologies numériques en milieu professionnel, Université côte d’Azur, 2022, p. 16-54, https://hal.science/tel-03857275v1/file/Th%C3%A8se%20Doctorale%20-%20Jos%C3%A9%20Manuel%20Castillo%20Pimentel%20HAL.pdf

Le stress numérique chez les jeunes, analyse UFAPEC

PRÉVOST Bénédict, Le stress numérique chez les jeunes, [en ligne]. https://www.ufapec.be/files/files/analyses/2018/0418-stress-nume-rique.pdf

Les usages professionnels des TIC: des régulations à construire

BOUDOKHANE LIMA Feirouz et FELIO Cindy, « Les usages professionnels des TIC: des régulations à construire » dans Communication et organisation, no 48 (2015), p. 139-149

Notions corolaires

Présentéisme = Le présentéisme est un phénomène qui implique que les travailleurs, malgré la maladie, l’épuisement, la surcharge cognitive, continuent d’occuper leurs fonctions professionnelles. En situation de télétravail, il demeure cette présence, cette disponibilité au travail ; on parlera de présentéisme numérique. Cette notion se définit en fonction du fait que les employés peuvent travailler même s’ils sont indisposés, puisque le télétravail brouille les frontières entre le domaine professionnel et le domaine privé. À propos de ce phénomène, Caroline Biron, professeure titulaire au Département de management de l’Université Laval, identifie quatre profils différents de présentéisme : le présentéisme fonctionnel, qui n’implique pas de conséquence sur la productivité de l’employé ; le présentéisme dysfonctionnel, où les performances et la santé sont en état de risque ; le présentéisme thérapeutique, où la productivité est réduite, mais engendrant peu d’effets sur la santé ; le présentéisme surengagé, une performance élevée au détriment de la santé. Le présentéisme, malgré le profil identifié, constitue un risque d’affects négatifs et d’effets dépréciatifs sur la santé physique de l’employé qui peut voir ses performances diminuer ; malgré la distance avec le milieu de travail physique, le travail à domicile reste intimement lié au phénomène de présentéisme.

GRIL Emmanuelle, Quand le présentéisme fait le lit de l’absentéisme [en ligne], https://www.revuegestion.ca/quand-le-presenteisme-fait-le-lit-de-labsenteisme [site consulté le 16 mars 2024]

GOSSELIN Éric et LAUZIER Martin, « Le présentéisme » dans Revue française de gestion, vol II, no 211 (2011), p. 15 à 27, https://www-cairn-info.acces.bibl.ulaval.ca/revue-francaise-de-gestion-2011-2-page-15.htm

Infobésité = Saturation informationnelle en raison de la multiplicité et de l’abondance des sources technologiques. Le terme fait entre autres référence à la vélocité et à l’affluence des courriels et du clavardage (clavier-bavardage), quotidiennement ; le principe selon lequel il est possible d’avoir rapidement accès à une information ou de rapidement prendre contact avec quelqu’un implique, en retour, des attentes similaires des autres quant au retour de service. Au-delà de ce gavage d’information, « la piètre qualité linguistique de certains messages (qui présentent parfois un contenu ambigu ou déstabilisant) » (McArthur et Truchon, 2021) constitue un facteur de risque additionnel contributif à une réaction de stress numérique ; une sorte de malbouffe numérique.

La désintox numérique = Elle fonctionne de la même façon que n’importe quelle autre désintox. Elle peut être une bonne solution lorsqu’on ressent que l’hyperconnexion affecte notre vie. Elle peut se pratiquer autant en créant des espaces ou des moments sans technologie, en s’engagement dans d’autres activités personnelles non numériques, en limitant des notifications sur un horaire précis, voire en se déconnectant complètement sur une période donnée. De la même manière qu’en situation de dépendance à une substance psychotrope, « chaque message qui clignote sur l’écran entraine une montée de dopamine qui demandera de plus en plus d’actions pour provoquer la même sensation » (Bulliard et Durand Folco, 2020) comme la sensation de plaisir ; de là l’idée de désintox ou de « sobriété numérique » (Bulliard et Durand Falco, 2020). TeleCoop,. « Pourquoi et comment engager une démarche de sobriété numérique ? », EcoRev', vol. 53, no. 2, 2022, pp. 115-121.

Références bibliographiques

APA American Psychiatric Association (2015). DSM-5, Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles mentaux, Elsevier Masson

BOUDOKHANE LIMA Feirouz et FELIO Cindy, « Les usages professionnels des TIC: des régulations à construire » dans Communication et organisation, no 48 (2015), p. 139-149.

Bulliard, D. & Durand Folco, J. (2020). La sobriété numérique, plus que jamais nécessaire ?, Relations, (810), p.12–13 URL https://id.erudit.org/iderudit/93982ac

CASTILLO PIMENTEL José Manuel, « Chapitre II, Cadre théorique » dans Etude de la charge mentale et du stress engendrés par l’usage des technologies numériques en milieu professionnel, Université côte d’Azur, 2022, p. 16-54, https://hal.science/tel-03857275v1/file/Th%C3%A8se%20Doctorale%20-%20Jos%C3%A9%20Manuel%20Castillo%20Pimentel%20HAL.pdf

Fourquet-Courbet, M.-P. et Courbet, D. (2017). Anxiété, dépression et addiction liées à la communication numérique, Revue française des sciences de l’information et de la communication [En ligne], URL : http://journals.openedition.org/rfsic/2910 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rfsic.2910

GOSSELIN Éric et LAUZIER Martin, « Le présentéisme » dans Revue française de gestion, vol II, no 211 (2011), p. 15 à 27, https://www-cairn-info.acces.bibl.ulaval.ca/revue-francaise-de-gestion-2011-2-page-15.htm

GRIL Emmanuelle, Quand le présentéisme fait le lit de l’absentéisme [en ligne], https://www.revuegestion.ca/quand-le-presenteisme-fait-le-lit-de-labsenteisme, [site consulté le 16 mars 2024]

PRÉVOST Bénédict, Le stress numérique chez les jeunes, [en ligne]. https://www.ufapec.be/files/files/analyses/2018/0418-stress-nume-rique.pdf

Truchon, M., McArthur, J. (2021, 19 mars). Dossier : Révolution numérique, professions en péril? – Comment réduire le stress numérique des employés?, Gestion, (Édition Printemps 2021)

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