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Scénarios cinématographiques générés par intelligence artificielle

Un scénario cinématographique généré par intelligence artificielle est créé par une machine capable de simuler l'intelligence humaine 1).

Le développement de l’intelligence artificielle modifie les enjeux de l’écriture de scénario, ou du moins déploie de nouvelles perspectives. L’écriture de scénario constitue une tâche que l’on pourrait qualifier de systématique, car si le contenu dépend de l’imagination du scénariste, les étapes de la constitution du scénario suivent invariablement un cheminement que les scénaristes apprennent à automatiser au cours de leur formation. Ce respect des étapes d’écriture du sujet, du synopsis et du scénario est donc un savoir-faire propre aux scénaristes, et ce processus spécifique qui aboutit à la structuration d’un texte obéit notamment à des exigences institutionnelles et à une méthodologie qui régit l’aspect formel et la structure du scénario (généralement structuré en trois actes).

Or, l’intelligence artificielle, en tant que machine pouvant presque qu'égaler les capacités humaines de perception, de raisonnement, d’apprentissage mais aussi de création ou d’imagination, est donc parfaitement à même d’intégrer les étapes méthodologiques de la création de scénario cinématographique et d’utiliser à la fois sa composante imaginative et sa composante d’apprentissage pour créer des scénarios par elle-même. De surcroît, l’IA est une intelligence numérique qui fonctionne précisément par algorithmes dans sa démarche de prise de décisions, aussi le travail systématique et automatisé qu’impose le respect des étapes d’écriture de scénarios lui est donc parfaitement adapté.

Fonctionnement et rôle de l’IA


Comment fonctionne l'IA ?

L’intelligence artificielle est à la base programmée par l’homme pour accomplir des tâches. Pour être considéré comme tel, l’agent artificiel doit à la fois percevoir un environnement avec des percepteurs, enplus d’être en mesure de délibérer, de manière simple ou complexe2). Bien qu’elles soient regroupées sous ce même nom, différentes IA fonctionnent de manières distinctes. D’abord, le système peut être programmé pour être soit rationnel ou penser comme l’homme et soit il agit, soit il pense. Cela laisse donc quatre possibilités (agir comme humain, agir rationnellement, penser comme humain, penser rationnellement). À cela se distinguent deux approches de programmation : ascendante et descendante. La première approche définit les actions et réactions de l’IA à même sa programmation 3). La deuxième est plutôt dotée d’un réseau similaire aux neurones, qui se modifie et se précise avec de l’expérience ou du renforcement positif 4). Ces IA sont dotées d’une capacité d’apprentissage et d’une certaine autonomie. Ce faisant, elles peuvent aussi développer des aptitudes créatrices.

La place de l’IA dans l’écriture cinématographique

L’intelligence artificielle permet d’innover dans divers milieux artistiques. Au cinéma, le développement de cette technologie a mené à la création de robots générateurs de scénarios. L’écriture cinématographique à l’aide de ces IA n’en est encore tout de même qu’à ses débuts. Bien que l’invention de cette technologie ait le potentiel de modifier la pratique d’écriture cinématographique, c’est une pratique encore peu développée. Même si ChatGPT et des robots créateurs comme Benjamin ont fait leurs preuves, l’IA peut aussi prendre une place plus subtile dans la composition d’une œuvre, en servant par exemple de premier jet à une réécriture. Par ailleurs, l’intelligence artificielle tend de plus en plus à développer non seulement des scénarios, mais aussi des images, et remet ainsi en question la place de l’homme dans la création cinématographique.

Approfondissements et questionnements


Les points avantages et inconvénients de la conception de scénarios cinématographiques par IA

L’apparition de l’intelligence artificielle dans le monde de l’homme marque un point de non-retour. Que ce soit au travail ou même à la maison, l’IA occupe une place importante. Plus besoin de rechercher de l’information dans les ouvrages comme autrefois, en un clic l’accès à un espace de connaissances immenses est possible 5). D’une certaine manière, elle améliore et facilite le quotidien, ce qui conduit l’humain à dépendre d’elle. Dans la mesure où elle s’infiltre de plus en plus dans toutes les sphères de la vie, notamment dans le milieu artistique, sa présence soulève de nombreuses inquiétudes. Dans le domaine du cinéma, il est envisageable que dans un futur proche, l’IA remplace l’artiste si le développement et l’amélioration de cette technologie venaient à la rendre plus performante que l’Homme. La capacité de rédiger un scénario cohérant dans un court laps de temps, serait bénéfique pour les producteurs particulièrement du côté économique, mais elle remettrait en perspective la place du créateur humain6). Cela dit, « [p]our éviter qu’éventuellement l’IA fasse tout sans nous, il semble important de réfléchir dès maintenant à la place que l’on veut qu’elle occupe et d’en définir les limites 7). »

Extension de l’IA à d’autres arts : quelles formes d’expression artistique possibles ?

Dans l’article « Co(AI)xistence de Justine Emard : la collaboration entre deux intelligences », Margaux Otter nous invite à envisager l’extension de l’IA à d’autres arts et à interroger le rapport entre la technologie d’intelligence artificielle et l’expression artistique. L’article présente l’installation vidéo « Co(AI)xistence »proposée par Justine Emard à la cinémathèque de Montréal pour le festival ELEKTRA en juin 2019, une œuvre à la fois technologique, poétique et visuelle donnant à voir une chorégraphie interactive entre un danseur et une IA. Instaurant donc entre l’homme et la machine une forme de communication par la danse, cette œuvre témoigne de l’intention d’interroger les perspectives de coexistence possible entre humains et IA. Le nom même du robot, « Alter » nous incite en outre à considérer les IA comme des « miroirs de nous-mêmes » (selon les mots de Justine Emard). La performance d’Alter démontre donc bien la capacité créatrice et artistique des IA, et Margaux Otter souligne qu'en ce sens et par ce genre de dispositifs « l’art pourrait ainsi apporter une vision différente et une meilleure compréhension de nos relations avec l’intelligence artificielle et la technologie ».

Benjamin, générateur de scénario

Créée par Ross Goodwin, l’intelligence artificielle Benjamin a la capacité de générer des scénarios de films. Doté d’un réseau neuronal le robot est en mesure de réaliser des scénarios qui lui sont personnels en s’inspirant d’un titre, d’une ligne de dialogue ou même d’une partie de film ou de série8). En ce sens, l’autonomie et la capacité d’apprentissage de Benjamin permettent à ce dernier de concevoir des œuvres. Lors du 48 Hour Film Project, en 2016, il démontre son aptitude en créant un scénario de huit minutes 9). Toutefois, le résultat obtenu par ce premier générateur de scénario présente quelques discordances dans le dialogue 10). Benjamin apporte un souffle nouveau au domaine du cinéma, mais ses imperfections s’inscrivent dans le processus de la nouveauté qui vient, elle, avec son lot de failles. En ce sens, le travail, en ce qui concerne cette intelligence artificielle, n’est qu’à son début.

Notions corollaires


Scénario

Il y a deux principales caractéristiques de l’écriture scénaristique cinématographique : il y a l’aspect formel (la méthodologie) et l’aspect de la structure, la plus souvent utilisée est la structure en trois actes. Un texte scénaristique qui ne respecte pas ces deux contraintes n’est pas considéré conforme.

Robot créateur

Dans l’article « Bienvenue dans la “robohumanité”! », Alain Bensoussan distingue le robot logiciel (« un ensemble d’algorithmes capable de prendre des décisions de manière autonome ») du robot créateur, doté d’une autonomie et d’une capacité d’apprentissage qui le rendent capable de réaliser ses propres créations artistiques « comparables, en termes de pouvoir émotionnel, à celles d’humains ». En ce sens, on doit s’interroger sur le droit de propriété intellectuelle de ces robots créateurs.

Oeuvre de l’esprit

La notion d’œuvre de l’esprit renvoie aux créations qui relèvent de l’originalité et qui se rattachent à un auteur. Puisqu’elle converge vers une personne physique, la définition de la notion d’œuvre de l’esprit intègre difficilement, voire exclut a priori les créations générées par une intelligence artificielle 11)


Bibliographie

BENSOUSSAN, Alain, « Bienvenue dans la “robohumanité”! », dans René Frydman [dir.], L’intranquillité. Déni ou réalité ?, Paris, Presses Universitaires de France (Hors collection), 2017, p. 165-169, [en ligne] https://www-cairn-info.acces.bibl.ulaval.ca/l-intranquillite--9782130786474-page-165.htm. (Site consulté le 23 février 2024).

CARDON, Thomas, « Agence morale et intelligence artificielle », mémoire de maîtrise en philosophie, Belgique, Université catholique de Louvain, 2022,94 p. [en ligne] https://dial.uclouvain.be/downloader/downloader.php?pid=thesis%3A37734&datastream=PDF_01&cover=cover-mem (Site consulté le 23 février 2024).

COLIN, Michel, « Audio-visuel, enseignement et intelligence artificielle », dans Études de communication, no 9, (1987), p. 109-119. mis en ligne le 21 février 2012, [en ligne] http://journals.openedition.org/edc/2922 (Site consulté le 23 février 2024).

GESTIN-VILION, Claudia, « La protection par le droit d’auteur des créations générées par intelligence artificielle », mémoire de maîtrise en droit, Québec, Université Laval, 2017, 106 p. [en ligne] https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwjr2f25o8KEAxX5FFkFHRDpCloQFnoECBQQAQ&url=https%3A%2F%2Fdam-oclc.bac-lac.gc.ca%2Fdownload%3Fis_thesis%3D1%26oclc_number%3D1132059673%26id%3D99a0a657-b26d-4817-b2b5-861dd1e5098b%26fileName%3D34024.pdf&usg=AOvVaw2zaotbwYQA15ARS3SWnvGu&opi=89978449 (Site consulté le 23 février 2024).

JAQUES, Alain P., « L’intelligence artificielle fera-t-elle un jour les films à notre place ? La menace fantôme », dans Séquences : la revue de cinéma, n° 335, (été 2003), p. 16-17 [en ligne] https://www.erudit.org/fr/revues/sequences/2023-n335-sequences08866/103185ac/ (Site consulté le 23 février 2024).

(n'a pas été cité donc retirer?)OTTER, Margaux, « Co(AI)xistence de Justine Emard : la collaboration entre deux intelligences », dans Maudits français, 11 juin 2019 [en ligne]https://mauditsfrancais.ca/coaixistence-de-justine-emard-la-collaboration-entre-deux-intelligences/ (Site consulté le 23 février 2024).

Le Point.fr, « Le surprenant court-métrage écrit par un algorithme ! », dans High Tech, (2016), 6 p, [en ligne] https://www.lepoint.fr/high-tech-internet/le-surprenant-court-metrage-ecrit-par-un-algorithme-10-06-2016-2045872_47.php#11 (Site consulté le 23 février 2024).

1)
Thomas Cardon, « Agence morale et intelligence artificielle», mémoire de maîtrise en philosophie, Université catholique de Louvain, 2022, p.62
2)
Ibid., p.55.
3)
Ibid., p.61.
4)
Ibid., p.62.
5)
Alain Bensoussan, « Bienvenue dans la “robohumanité”! », dans René Frydman [dir.], L’intranquillité. Déni ou réalité ?, Paris, Presses Universitaires de France (Hors collection), 2017, p. 166.
6)
Alain P. Jacques, « L’intelligence artificielle fera-t-elle un jour les films à notre place ? La menace fantôme », dans Séquences : la revue de cinéma, n° 335, (été 2003), p. 17.
7)
Id., Alain P. Jacques.
8)
Alain Bensoussan, « Bienvenue dans la “robohumanité”! », dans René Frydman [dir.], L’intranquillité. Déni ou réalité ?, Paris, Presses Universitaires de France (Hors collection), 2017, p. 168.
9)
Id., Alain Bensoussan.
10)
Le Point.fr, « Le surprenant court-métrage écrit par un algorithme ! », dans High Tech, (2016), p. 5.
11)
Claudia Gestin-Vilion, « La protection par le droit d’auteur des créations générées par intelligence artificielle », mémoire de maîtrise en droit, Québec, Université Laval, 2017, p. 12.
2005-h2024/ia.1710700519.txt.gz · Dernière modification : 2024/03/17 14:35 de eq32

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