EXTRAIT, « L’oreille tendue, elle suit l’écho des lettres de son nom, le r surtout, plus audible que les autres, et allant de souffle en souffle, en se laissant faire, elle arrive au commencement, au point de départ, au pied de la chute Montmorency, avec l’eau qui tombe en trame de son et l’odeur de l’eau douce dans chaque respiration, face au remous, et la chute lui parle. T’es juste au début, t’es juste au milieu du début. — Je suis déjà tellement fatiguée. Ça fait des milliers d’années que je me déverse, que je me vide, que je me regarder passer, été comme hiver, sans savoir où je m’en vais, sans pouvoir m’arrêter. — Non, écoute, je sais, c’est vrai que ça se compare pas, mais je te jure que c’est vrai, je suis épuisée, épuisée juste de m’endormir pis de me réveiller. On est pareilles. — Tu trouves ? Tellement. — Après un certain temps, ça devient trop lourd, hein ? On perd, genre, la saine insanité. Et on s’abandonne infiniment, informellement, indéfiniment. — C’est triste. Mais t’as encore le temps. — Je sais pas par où commencer. Il faut choisir, parfois aussi prendre au hasard la chance quand elle passe. »